Le Soleil sur la Terre!
29.04.2023
Aujourd'hui
Par Anne-Sylvie Weinmann, avocate et data scientist.
Simulation d’un plasma du stellarator Wendelstein VII-AS du Max Planck Institue de Gärching, Allemagne, sur Cray-2 en 1989 avec TERPSICHORE | © Musée Bolo
Trophée du Gigaflop Performance Award 1999, remis à Ralf Gruber à Reno, Nevada, le 13/11/1989 lors du IEEE Supercomputing ’89 Conference | © Musée Bolo
Les portes s’ouvrent au public sur l’énergie des étoiles
Cela fait 16 ans que j’habite aux abords de l’EPFL. Je suis passée des centaines de fois, en marchant, en courant, en voiture ou à vélo, devant le Swiss Plasma Center (SPC), en me demandant quelles «étranges» activités abritaient ses bâtiments, en particulier ce haut édifice au toit en demi-cercle, écrin du Tokamak.
Et enfin, ce samedi 29 avril 2023, les portes de ce centre suisse dédié à la recherche en physique des plasmas, la fusion thermonucléaire ou plus poétiquement, l’énergie des étoiles se sont enfin ouvertes, à la faveur d’un week-end « Portes ouvertes » qui a attiré une foule de joyeux curieux de tous âges. Même si le cœur du Tokamak, sa chambre à plasma tapissée de tuiles en carbone n’était pas visible, quel plaisir de découvrir cette installation de recherche « d’une énergie prometteuse pratiquement illimitée, propre, sûre et à un coût abordable pour répondre aux besoins en énergie de toute la planète » (Bulletin AIEA), bien qu’à un horizon encore lointain.
Fusion n’est pas fission, l’une réunit, l’autre casse les noyaux atomiques (Le Temps).
Un immense merci à l’équipe d’organisation de l’École polytechnique fédérale de Lausanne d’avoir mis en place cette magnifique manifestation.
Un immense merci aux guides du SPC pour leurs explications, leur capacité de vulgarisation, leurs réponses à mes questions, chacun apportant un éclairage un peu différent selon sa formation et son activité.
La physique des plasmas est une discipline gourmande en calculs et basée sur la simulation, dont les superordinateurs ont permis l’éclosion.
En 1986, la Suisse accueille au centre de calcul de l’EPFL son premier superordinateur de l’entreprise Cray Research Inc.: un Cray-1S. La cheville ouvrière de sa venue en Suisse est un physicien des plasmas, Ralf Gruber, aujourd’hui retraité mais qui, alors, avait besoin des meilleurs outils pour faire avancer sa discipline. Ces machines pionnières ont permis à des scientifiques de talent de l’EPFL, dont il fait partie, de se distinguer notamment en remportant en 1989, grâce au programme haute couture « Terpischore » le prestigieux « Cray Gigaflop Performance Award » (devant la NASA!), et contribuer au rayonnement de notre petit pays.
Michel Reymond, Des lauriers pour l’EPFL, Flash Informatique. N°9 – 1989, p. 3
Le Cray 2, également visible au Musée Bolo, leur a permis de développer le programme « Terpischore ». La muse grecque de la danse les conduira au firmament du High Performance Computing en adaptant en une temps record de trois semaines le programme « Terpsichore » pour être exécuté sur un Cray-YMP8 (8 processeurs), imposé pour le concours. La puissance de calcul atteinte est de 1,708 gigaflop/seconde, (1, 708 milliards d’opérations à virgule flottante par seconde!), il a fallu 20 secondes pour exécuter les 34 milliards d’opérations que demandait l’analyse de stabilité du plasma dans des machines de type Stellarators, et non Tokamak.
Les superordinateurs Cray, quelques-uns de ces géants au design unique, ancêtres de nos smartphones, F1 en leur temps du calcul scientifique, vous attendent au Musée Bolo dans l’exposition Seymour Cray, le Superman des superordinateurs à l’occasion d’une visite libre ou guidée ainsi qu’en mots et en photos sur Mémoires vives.